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Décision de la Fed : "Pour les investisseurs, nous pensons que c'est le moment d'agir"
information fournie par TRIBUNE LIBRE 18/09/2025 à 14:38

Madison Faller, Global Investment Strategist chez J.P. Morgan Private Bank. (crédit : JP Morgan)

Madison Faller, Global Investment Strategist chez J.P. Morgan Private Bank. (crédit : JP Morgan)

Par Madison Faller, Global Investment Strategist chez J.P. Morgan Private Bank, suite aux annonces de la Fed


"La Fed est officiellement entrée dans un nouveau cycle de baisse des taux, et les investisseurs doivent y voir un signal fort. Détenir trop de liquidités devient risqué. L'histoire montre que les actifs risqués ont tendance à fortement progresser lorsque la Fed baisse ses taux en dehors d'une période de récession.

Les projections publiées par la Fed sont explicites : Les responsables monétaires prévoient d'abaisser les taux malgré des anticipations de croissance et d'inflation plus élevées. Le véritable enjeu est donc l'emploi. Les prévisions en matière de chômage semblent stables à 4,5 %, mais avec la régulation de l'immigration, l'offre de main-d'œuvre est limitée. En réalité, la dynamique se dégrade à la fois du côté de la demande et de l'offre de main-d'œuvre.

Puis Powell a pris la parole. Il a qualifié cette décision de «baisse de taux de gestion des risques», relativisé l'importance des projections («les dots») et rappelé aux marchés que l'inflation n'était pas vaincue. C'est comme si on vous servait un dessert, puis qu'on vous rappelait son apport calorique : il reste sucré, il en vaut toujours la peine, mais il ne faut pas le consommer sans modération.

En définitive, même si le discours de Powell et les projections ne sont pas identiques, le message converge : la politique monétaire va s'assouplir. La formule de Powell, « il n'existe pas de trajectoire sans risque », résume bien l'équilibre recherché : aller de l'avant, mais en restant vigilant sur les risques des deux côtés.

Pour les investisseurs, nous pensons que c'est le moment d'agir. Les marchés anticipent déjà plus de baisses que ce que laisse entrevoir la Fed ; potentiellement cinq d'ici 2026, ce qui ramènerait les taux en dessous de 3%. Pour nous, cela signifie que conserver du cash comporte désormais un lourd coût d'opportunité.

Mais il faut également garder en tête les compromis à venir. Le revirement du marché hier suggère que les investisseurs restent encore un peu méfiants.

Tout d'abord, il y a la question des valorisations élevées. Il est indéniable qu'elles le sont, mais nous pensons qu'elles s'expliquent aussi par des facteurs fondamentaux. Le S&P 500 se traite à environ 22,5 fois les bénéfices attendus, un niveau rappelant la fin des années 1990. Mais le marché d'aujourd'hui n'est plus celui d'hier.

Deux facteurs expliquent cette situation :

Premièrement, la composition de l'indice a changé. Les secteurs technologiques et autres secteurs innovants dominent désormais le S&P 500, la technologie représentant à elle seule un tiers de la capitalisation (contre 15 % il y a vingt ans) et 25 % des bénéfices (contre 12 % auparavant). Cette domination s'explique par des fondamentaux tangibles : marges plus élevées, croissance plus rapide, forte génération de trésorerie. Si le multiple prévisionnel du S&P 500 est passé de 17 fois en 2005 à 22,5 fois aujourd'hui, nous estimons que le passage à des secteurs de meilleure qualité explique environ la moitié de cette augmentation.

Deuxièmement, les bénéfices progressent à grands pas. Les Magnificent 7 semblent en passe d'enregistrer une croissance de leurs bénéfices d'environ 21% cette année, certes en baisse par rapport aux 40% de l'année dernière, mais bien au-dessus des 8% attendus pour le reste du S&P 500. D'ici 2026, l'écart devrait se réduire (15% pour les Magnificent 7 contre 6% pour les autres), ce qui montre que la croissance ne se limite pas aux plus grands noms.

À l'avenir, des bilans plus solides, le retour des fusions-acquisitions, des rachats d'actions réguliers, la rareté des nouvelles émissions et des trajectoires bénéficiaires favorables laissent présager des valorisations durables et non exagérées. La baisse attendue du coût du capital renforcera encore l'attrait des flux futurs.

En Europe, la dynamique repose également sur les bénéfices. Le marché y sous-performe depuis le début de l'année après avoir pris la tête plus tôt, reflétant un certain nombre de risques : tensions politiques en France et en Italie, marchés obligataires instables, guerre en Ukraine et euro fort pèsent sur les bénéfices. Néanmoins, les entreprises liées à la défense et au boom des investissements (industrielles, utilities et technologies) bénéficient de tendances porteuses et publient des perspectives solides.

Cela dit, la concentration du marché reste forte. Mais là encore, les chiffres montrent qu'elle reflète la surperformance bénéficiaire : les «Magnificent 7» font croître leurs profits à près du double du rythme du reste du marché.

À terme, le leadership de l'IA devrait s'élargir à d'autres secteurs et tailles d'entreprises. Mais sur les 12–18 prochains mois, les acteurs dominants devraient conserver leur avance à mesure que l'adoption s'accélère.

Pour autant, tous les leaders ne suivront pas le rythme. Sur un marché aussi compétitif, même les plus petites erreurs peuvent être sanctionnées. La sélectivité est donc essentielle : concentrez-vous sur les entreprises qui disposent de cash-flows résilients et diversifiez vos positions.

Enfin, certains se demandent si l'IA est une bulle. Les plans d'investissements sont colossaux : les dépenses des hyperscalers devraient bondir de 44 % pour atteindre 370 milliards de dollars en 2025, puis dépasser les 400 milliards de dollars en 2026, soit près du double du budget fédéral américain consacré à la R&D.

Le risque serait que les dépenses dépassent les rendements. Mais pour l'instant ce n'est pas ce que nous observons : les revenus accélèrent, les marges augmentent et la productivité progresse. Si la rentabilité et l'efficacité se maintiennent, le boom de l'IA ressemble moins à une bulle qu'à un moteur de croissance structurel.

En résumé : le cash perd de son attrait. Historiquement, en dehors des périodes de récession, les baisses de taux de la Fed se traduisent par des gains à deux chiffres des actions américaines et mondiales dans l'année suivante.

Au-delà de la politique monétaire, les incitations fiscales, le développement de l'IA et des data centers, ainsi que les investissements dans l'énergie, les infrastructures et la relocalisation constituent autant de puissants catalyseurs. La technologie, la finance et la défense sont au cœur de nos convictions, mais d'autres domaines liés à la croissance structurelle et au soutien politique présentent également des opportunités.

Par ailleurs, les obligations offrent du portage et l'opportunité de se positionner avant que les taux ne baissent. Et en cas de mauvaise surprise, elles pourraient encore jouer leur rôle de protection, tandis que les actifs réels peuvent jouer un rôle clé dans la couverture contre une inflation persistante.

Conclusion : ne restez pas sur la touche, surtout alors que les banques centrales s'orientent vers davantage d'assouplissement. Nous pensons que le rallye a encore du potentiel."

2 commentaires

  • 15:18

    Bien argumenté et convaincant.


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